Bonjour, tous les mardis, Sirenergies analyse pour vous les tendances des marchés de l'électricité, du gaz et du CO2 en France.
Toute l'équipe vous souhaite une bonne lecture !
Cette semaine je vais rebondir sur des rumeurs qui me hérissent le poil, et d'autres qui me mettent de bonne humeur.
Comme le rappelle l'Association des Fournisseurs Alternatifs AFIEG, l'accord signé fin 2023 entre EDF et l'état français ne garantit en rien une électricité bon marché. En effet, le projet qui devait être voté en loi de finances 2025 doit protéger les consommateurs à partir d'un seuil autour de 78 €/MWh et un deuxième seuil autour des 110 €/MWh. Ce plafond fonctionne seulement si EDF fait des bénéfices sur les marchés. Pour vous donner un exemple, en 2022, pendant la crise énergétique, EDF n'aurait pas compensé la hausse des factures énergétiques, car il n'y a pas eu de revenus excédentaires dans les caisses d'EDF.
Hier, à l'occasion du sommet Choose France, plusieurs annonces ont été faites sur la compétitivité de la France en matière énergétique. Mais c'est oublier que la compétitivité de la France est liée depuis plus de 15 ans à l'ARENH qui a protégé l'ensemble des français sur plus de 50% de leur facture d’électricité. Je rappelle aussi que dans les différentes enquêtes de satisfaction comme celle du CLEEE, le groupe EDF, qui a toujours milité contre l'ARENH, est situé en bas du classement depuis plusieurs années consécutives.
Alors oui, on peut se féliciter de l'accord signé entre EDF et Aluminum Dunkerque il y a quelques jours. Mais c'est oublier encore une fois plusieurs épiphénomènes. Aluminium Dunkerque est le seul site hyper électro-intensif qui n'avait pas de contrat long-terme avec EDF. En effet, ce site était dans le giron de RIO TINTO avant d'être revendu à un autre actionnaire, et c'est RIO TINTO qui avait signé en 2005 le contrat liant plusieurs industriels hyper électro-intensifs et EDF. Le gouvernement a fait pression sur EDF pour pouvoir faire des annonces durant le sommet Choose France. Je profite de cette note pour féliciter comme il se doit Aluminium Dunkerque pour l’installation du nouveau four permettant de recycler l’aluminium et ainsi éviter des quantités d'importations significatives.
Dans les faits, les centaines de clients qui ont signé les premiers contrats long-terme avec EDF fin 2023 ou début 2024, se retrouvent avec des prix 30 à 40% plus chers que la concurrence. En effet, en ce moment le marché est stable autour de 60 €/MWh bien que les commerciaux d'EDF aient conclu des contrats sur 4 à 5 ans alors que le marché était encore à des niveaux supérieurs à 75 ou 80 €/MWh. Heureusement, les contrats proposés par EDF sur 10 à 15 ans n'ont pas trouvé preneur, ou sur un nombre de clients très restreint.
Parmi les points positifs de la semaine, je voudrais saluer la position de la Belgique qui vient de voter une loi pour abroger une ancienne loi visant à sortir du nucléaire, ainsi que les différents pays comme l'Italie ou encore le Danemark qui se positionnent comme ouvert au nouveau nucléaire du type SMR. Je ne ferme pas ce chapitre sans ajouter que le nouveau chancelier vient d'annoncer que l'Allemagne ne s'opposerait plus à ce que le nucléaire soit considéré comme énergie bas-carbone.
Dans une prochaine note, je vous parlerai de la problématique de l'Allemagne qui est sortie du nucléaire, et qui se retrouve dans l’obligation de construire plus de 20 GW de centrales au gaz (qui à terme fonctionneraient à l'hydrogène) pour compenser les décisions antérieures sur le nucléaire.
Chute des prix de l’électricité
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
FR Cal2026 base | 57,93 |
-2,03
|
|
FR Cal2027 base | 57,43 |
-0,50
|
|
FR Cal2028 base | 61,81 |
0,03
|
Les prix à terme de l’électricité en France ont reculé la semaine dernière, dans le sillage du repli observé sur les marchés du gaz et du carbone. Le contrat pour une livraison en 2026 a enregistré une baisse de 5 %, s'établissant autour de 58 €/MWh.
Le prix spot de l’électricité a chuté de 52 %, atteignant 22,38 €/MWh, sous l’effet d’une production éolienne en forte hausse. Cette baisse a toutefois été atténuée par des arrêts qui ont limité la production nucléaire.
Baisse de 1 % du prix du gaz Cal’26
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
PEG Cal2026 | 33,03 |
-0,68
|
|
PEG Cal2027 | 28,69 |
-0,54
|
|
PEG Cal2028 | 25,05 |
-0,43
|
Les prix à terme du gaz en France ont également fléchi, affectés par l’absence de Vladimir Poutine aux négociations de paix sur l’Ukraine organisées en Turquie. Le contrat Cal’26 a ainsi reculé de plus de 1 % sur la semaine, pour clôturer aux environs de 33 €/MWh.
Le prix spot du gaz au point d’échange PEG a légèrement reculé de 0,3 %, à 33,67 €/MWh, en raison d’une demande en baisse, malgré des opérations de maintenance sur les champs gaziers norvégiens.
Recul de 4 % des prix du carbone
Les prix européens du carbone ont décroché sur la semaine, effaçant les gains récents liés au pic de trois mois atteint vendredi dernier. Cette baisse, attribuée à une correction technique, n’a pas été freinée par l’annonce d’un rapprochement entre l’UE et le Royaume-Uni pour interconnecter leurs systèmes. Les EUA à échéance décembre 2025 ont perdu 4 %, clôturant à 70,42 €/tonne.
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