Bonjour, tous les mardis, Sirenergies analyse pour vous les tendances des marchés de l'électricité, du gaz et du CO2 en France.
Toute l'équipe vous souhaite une bonne lecture !
La semaine dernière, j'avais cité le mot "inertie" dans ma note hebdomadaire. Pour ne pas polluer et influencer nos abonnés, je vais m'abstenir de commenter à la hâte le black-out d'hier en Espagne et au Portugal. Mais l'inertie des machines tournantes, donc les grandes centrales nucléaires, joue un rôle très important dans la stabilité du réseau européen. En effet, en cas de coupure ou de problème de quelques secondes sur le réseau, l'inertie permet de maintenir la fréquence. A l'inverse, quand il faut faire remonter un réseau, il faut y aller très progressivement, car l'intensité de démarrage des moteurs électriques peut être multipliée par 5 voire 8 lors du démarrage du moteur pendant les premières secondes, avant de redescendre à la valeur nominale.
Pour vous donner un exemple plus clair, si à la maison votre compteur a disjoncté et que vous avez laissé le four, les plaques électriques et autres installations en fonction, lorsque vous allez ré-enclencher votre disjoncteur, il y a une forte chance que celui-ci retombe. C'est le même problème au niveau d'un réseau national, il faut réalimenter petit à petit pour ne pas perturber cette montée en puissance. C'est l'explication principale de la durée de 6 à 8 h minimum pour rétablir un black-out.
Ce black-out dans la péninsule ibérique a fait passer sous silence un sujet important à l'assemblée nationale. En effet, hier le premier ministre a lancé les débats sur la PPE3 (troisième programmation pluriannuelle de l'énergie) dans une certaine indifférence. Les images publiées de l'hémicycle étaient consternantes, une dizaine de députés seulement étaient présents hier pour écouter le premier ministre. Il semblerait que ce sujet ne passionne plus vraiment les foules. L'époque où les députés se disputaient les micros des médias pour expliquer qu'il fallait sortir du marché européen, qu'il fallait réguler ce marché, etc… semblent ne plus être la priorité de la majorité ni de l'opposition.
Pourtant ce sujet mérite une attention particulière, car c'est la trajectoire pour les 10 prochaines années qui doit être décidée. Dans les grandes lignes, dans cette PPE3, la France souhaite faire baisser la part des énergies fossiles de 60% en 2023 à 42% en 2030 puis à 30% en 2035.
Pour cela, il faudra électrifier les consommations, produire plus d'énergie décarbonée comme le nucléaire et le renouvelable. Mais nous le savons tous, les nouveaux réacteurs ne seront pas connectés au réseau avant 2038 au plus tôt.
En attendant ces nouveaux réacteurs, il faut commencer par éduquer les consommateurs et les fournisseurs. Il faut proposer plus d'offres avec les heures creuses en milieu de journée, inciter les consommateurs à piloter les usages en fonction des prix et en fonction des jours de l'année. Bref, le consommateur français devra être agile s'il veut voir son prix baisser. Mais aussi changer de paradigme et ne pas utiliser les taxes sur l'électricité comme un impôt comme les autres. En France, les taxes sur l'électricité sont supérieures aux taxes sur le gaz. C'est un non-sens pour la transition énergétique et écologique.
J'encourage Antoine Armand et Daniel Gremillet pour mener à bien cette mission qui est tout sauf anodine.
Plus légèrement, je profite cette semaine pour saluer l’initiative solidaire de notre partenaire fournisseur GazelEnergie avec Electriciens sans frontières. Les clients se verront proposer une option solidaire lors de la signature d’un contrat pour soutenir l’association et chaque euro versé par le client est doublé par GazelEnergie, avantage fiscal à la clé évidemment. Un partenariat qui nous donne l’occasion de mettre en lumière Electriciens sans frontières, ONG de solidarité internationale, qui lutte depuis 1986 contre les inégalités d’accès à l’électricité et à l’eau dans le monde avec le soutien de 1200 bénévoles.
Recul de 63% du prix spot
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
FR Cal2026 base | 60,01 |
0,37
|
-2,38
|
FR Cal2027 base | 58,40 |
0,03
|
-0,37
|
FR Cal2028 base | 62,17 |
0,29
|
0,22
|
Les prix à terme de l’électricité en France ont progressé la semaine dernière, portés par la hausse des prix du carbone. Le contrat pour livraison en 2026 a ainsi augmenté de 1 %, atteignant 60 €/MWh.
À l’inverse, le prix spot de l’électricité en France a chuté de 63 % sur la semaine, pour s’établir légèrement en dessous de 25 €/MWh. Cette baisse s’explique par une forte disponibilité nucléaire et une demande en recul.
Chute de 4 % du contrat Cal'26
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
PEG Cal2026 | 30,36 |
-1,41
|
-4,87
|
PEG Cal2027 | 27,38 |
-0,45
|
-1,62
|
PEG Cal2028 | 24,97 |
0,02
|
-0,54
|
Les prix à terme du gaz en France ont reculé sur la semaine, sous l’effet conjugué d’un contexte géopolitique favorable aux importations européennes, lié à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et du vote du comité de l’énergie du Parlement européen abaissant l'objectif de stockage obligatoire de 90 % à 83 % d’ici au 1er novembre. Le contrat pour livraison en 2026 a ainsi perdu 4 %, pour atteindre 30,36 €/MWh.
Le prix du gaz au PEG a diminué d’environ 6 %, pour revenir autour de 31 €/MWh, soutenu par des prévisions de températures clémentes et des niveaux élevés d’injection dans les stocks.
Les prix du carbone en hausse
Les prix du carbone en Europe ont progressé la semaine dernière, portés par un regain d’optimisme sur les marchés mondiaux. Ce mouvement a été confirmé par les dernières données du Commitment of Traders (COT), montrant une hausse des positions nettes longues des fonds d’investissement à 3,282 millions de tonnes durant la semaine de Pâques. Les EUA échéance décembre 2025 ont ainsi gagné plus de 1 %, atteignant 65,31 €/tonne.
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