Bonjour, tous les mardis, Sirenergies analyse pour vous les tendances des marchés de l'électricité, du gaz et du CO2 en France.
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Le marché européen du gaz connaît une situation inédite : pour la première fois, les prix d’été dépassent ceux de l’hiver suivant (Spread été-hiver négatif), renversant le modèle économique du stockage saisonnier. Cette conjoncture bouscule les stratégies d’approvisionnement.
Sur le marché à terme du gaz, un phénomène exceptionnel s’est produit : le spread été-hiver est devenu négatif, c’est-à-dire que le gaz livré en été se négocie plus cher que le gaz livré en hiver suivant. Concrètement, les contrats d’été 2025 affichent un prix supérieur à ceux de l’hiver 2025-2026. Historiquement, c’est l’inverse : la demande hivernale fait généralement monter les prix en fin d’année, d’où un écart positif incitant au stockage pendant les beaux jours. Ce retournement n’avait plus été observé depuis la crise de 2022 et surprend les acteurs gaziers européens.
Plusieurs facteurs expliquent ce spread négatif. D’une part, les perspectives d’approvisionnement pour l’été 2025 s’annoncent tendues : l’Europe devra reconstituer ses stocks en concurrence avec l’Asie sur le GNL, alors que les nouveaux projets d’exportation de gaz ne démarreront qu’en fin 2025. D’autre part, l’hiver 2024-2025 a été plus froid que les précédents, avec une longue période sans vent (le fameux Dunkelflaute) entraînant des prélèvements importants de gaz stocké et laissant des réserves inhabituellement basses au début du printemps 2025. Le transit du gaz russe via l’Ukraine a cessé fin 2024, éliminant une source d’approvisionnement (certes marginale) et renforçant la crainte d’une «course au gaz» durant l’été 2025 pour remplir les stockages.
Stockage de gaz : des enchères à zéro et un modèle sous tension
Ce spread été-hiver négatif a un impact direct sur le modèle de stockage saisonnier. Normalement, les fournisseurs achètent du gaz bon marché en été, le stockent, puis le revendent plus cher en hiver, la différence de prix couvrant les coûts de stockage. Mais si le gaz d’hiver vaut moins que celui d’été, cette stratégie n’est plus rentable. Les fournisseurs pourraient être tentés de puiser directement sur le marché spot en hiver plutôt que d’injecter du gaz dès l’été, si aucune autre mesure n’intervient.
Obligations de remplissage : un défi européen cet été
Au-delà du marché, l’impératif de sécurité d’approvisionnement pousse à remplir les stocks malgré tout. L’Union Européenne a instauré en 2022 une obligation de remplissage à 90% des capacités de stockage d’ici le 1er novembre de chaque année. Cette règle, cruciale pour éviter une pénurie hivernale, va à l’encontre des signaux de prix actuels. Atteindre 90% de stocks en novembre 2025 exigera d’injecter massivement du gaz cet été, alors même que le marché n’y encourage pas.
Chute de 41% du prix de l'électricité spot
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
FR Cal2026 base | 62,39 |
-1,53
|
-1,09
|
FR Cal2027 base | 58,77 |
-1,41
|
-0,27
|
FR Cal2028 base | 61,95 |
-1,76
|
0,02
|
Les prix à terme de l’électricité en France ont reculé la semaine dernière, dans le sillage d’un marché de l’énergie globalement orienté à la baisse. Le contrat d’électricité pour livraison en 2026 a ainsi diminué de 2,4 %, pour s’établir à 62,39 €/MWh.
Dans le même temps, le prix spot de l’électricité a chuté d’environ 41 % sur la semaine, pour atteindre près de 55 €/MWh. Cette baisse s’explique par une hausse significative de la production éolienne et solaire, conjuguée à une diminution de la demande.
Baisse des prix à terme du gaz
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
PEG Cal2026 | 35,23 |
-0,36
|
-1,34
|
PEG Cal2027 | 29,00 |
-0,07
|
-1,02
|
PEG Cal2028 | 25,51 |
-0,34
|
-0,87
|
Les prix à terme du gaz en France se sont également repliés, sous l’effet d’une augmentation des importations en provenance de Norvège, venue compenser le recul des arrivées de GNL. Par ailleurs, le consensus entre les États membres pour tolérer un écart de 5 % sur les objectifs de remplissage des stocks a accentué le sentiment baissier. Résultat : le contrat Cal’26 a reculé de 1 % sur la semaine, pour atteindre 35,23 €/MWh.
Le PEG spot a lui aussi fléchi, perdant environ 5 % sur la semaine pour s’établir à 39,74 €/MWh. Cette baisse reflète une amélioration des fondamentaux, malgré les incertitudes géopolitiques persistantes autour des relations entre la Russie et le Royaume-Uni.
Chute de 5 % du carbone
Les prix du carbone en Europe ont nettement reculé au cours de la semaine. Les EUA ont été pénalisés par une forte production d’énergies renouvelables et des prévisions météorologiques plus douces à l’approche d’avril. L’augmentation de l’offre aux enchères, ainsi que des informations selon lesquelles la France envisagerait la création d’un corridor de prix pour stabiliser les EUA, ont renforcé la pression baissière. Les EUA à échéance décembre 2025 ont ainsi chuté de 5 %, pour passer sous la barre des 68 €/tonne.
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