L'analyse marché du 2 juillet 2024

Cette semaine, je vous fais un petit retour d'expérience sur la conséquence d'une éventuelle sortie du marché européen de l'énergie. Suite à la crise des prix de l’énergie, les partis politiques en ont fait un sujet majeur de leur programme mais persistent dans de nombreuses contre-vérités sur lesquelles je reviens ici.

Certains aiment à rappeler que l'Espagne et le Portugal sont sortis du marché européen de l’électricité et que le prix final pour le consommateur aurait baissé pendant la crise. Dans la réalité, une taxe pour compenser le manque à gagner des producteurs d'électricité à partir de gaz a été instaurée. In fine, sans rentrer dans les détails, certains clients industriels ont payé pour des particuliers.

Idem pour la France, l'instauration du bouclier tarifaire sur l'électricité par le gouvernement s'est traduit par des compensations sur le manque à gagner par les fournisseurs. In fine, nous, ou nos enfants allons payer via nos impôts ce bouclier qui creuse la dette du pays.

Pour illustrer avec un exemple concret, la semaine dernière, un incident sur le marché européen a fait que la France et l'Allemagne se sont découplées pendant une journée. Le couplage des marchés est un processus qui mutualise les offres et les demandes d'électricité entre différentes zones tarifaires, permettant ainsi une maximisation de la valeur économique globale. Ce processus conduit à un prix de gros unifié, dans la mesure des capacités d'interconnexions existantes entre ces zones.

La fixation du prix de marché spot journalier à chaque heure est réalisée selon un mécanisme de préséance économique (« merit order ») permettant à l’offre de répondre à la demande au moindre coût. Les moyens de production sont utilisés par ordre de coût variable croissant. La demande, pour sa part, s’exprime selon une courbe qui reflète la propension à payer des acheteurs. La rencontre de l’offre et de la demande détermine heure par heure le prix de marché journalier, qui s’applique à toutes les transactions. Le prix de marché correspond donc au coût variable de la dernière unité de production appelée pour satisfaire la demande.

En effet, suivant la logique de merit order, les premières centrales appelées sont les centrales renouvelables à coût marginal nul ou très faible (éolien, solaire, hydraulique fil de l’eau). Viennent ensuite les centrales nucléaires puis les actifs à stocks (hydraulique de barrage gérée en tenant compte de la contrainte de stocks et du coût d’opportunité d’utilisation de la ressource) et les centrales thermiques fossiles à coûts marginaux plus élevés (charbon, gaz et fioul). Selon la relativité des prix du gaz et du charbon, le prix du CO2, qui affecte le coût marginal des centrales thermiques à flamme en fonction de leur niveau d’émissions, peut modifier l’ordre d’appel entre les centrales à gaz moins carbonées et les centrales à charbon plus carbonées.

Il en a résulté que mercredi 26 juin, nous avions un prix moyen français à 2,96 €/MWh contre un prix proche des 500 €/MWh en Allemagne. Ce problème a été corrigé rapidement par les bourses européennes de l'énergie. Mais en une journée, il a prouvé son efficacité et son intérêt. Je le dis et je l'ai déjà dit sur cette page, l'énergie est également un facteur de paix en Europe et dans le monde.