Bonjour, tous les mardis, SirEnergies analyse pour vous les tendances des marchés de l'électricité, du gaz et du CO2 en France.
Toute l'équipe vous souhaite une bonne lecture !
Cette semaine, je veux vous parler de deux sujets qui me dérangent un peu.
Bruno Le Maire a annoncé dimanche soir dans l’édition de 20h de TF1, une hausse de 9,8% des TRVE à partir du 1er février 2024, qui sera suivie d’une seconde hausse en février 2025. Cette hausse des TRVE (Tarifs Réglementés de Vente d'Électricité) n’est en aucun cas liée à une hausse des prix de l’énergie, mais uniquement à un retour des taxes sur la consommation d’électricité, la fameuse TICFE/CSPE, c’est-à-dire la fraction perçue sur l’électricité, ex-Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité (TICFE), anciennement appelée Contribution au Service Public de l'Électricité (CSPE). La CRE (Commission de Régulation de l'Énergie) qui doit, chaque année, proposer au gouvernement l’évolution des prix des TRVE, n’a pas voulu court-circuiter le gouvernement, car le calcul de la CRE, sans la hausse des taxes, aurait proposé une évolution proche de 1% voire même négative en fonction du type de tarif.
Cette hausse ne donne pas un bon signal pour accélérer la décarbonation, comme pour changer sa chaudière au gaz pour une pompe à chaleur. Idem pour le citoyen qui va hésiter sur l’achat d’un véhicule électrique, si l’électricité est trop taxée.
La TICFE est censée financer les énergies renouvelables qui sont souvent sous contrat avec l’Etat sur des périodes longues. Mais les 6 milliards que cette taxe va rapporter à l’Etat en 2024 sont largement supérieurs aux coûts des énergies renouvelables.
L’Allemagne, qui elle a décidé de sortir du nucléaire et de développer énormément de renouvelable doit demain sortir du charbon, le fameux « ENERGIEWENDE » a donc du plomb dans l’aile.
Les énergies renouvelables sont en grande majorité des énergies intermittentes qui nécessitent une autre énergie pilotable en « back-up ». Avec la sortie du nucléaire, les Allemands avaient parié sur le gaz et notamment le gaz russe bon marché. La guerre en Ukraine et les relations dégradées avec la Russie de Poutine vont pousser les Allemands à développer des centrales au gaz qui pourraient fonctionner à l’hydrogène dans le futur, et à importer beaucoup de GNL en provenance des Etats-Unis, du Qatar, etc…
Le revers de la médaille de « l’ENERGIEWENDE » c’est que les industriels allemands perdent en compétitivité. Des usines ferment et les tensions politiques de l’extrême droite resurgissent.
La production d’électricité à base d’hydrogène est un non-sens économique, car pour produire l’hydrogène, il faut faire de l’électrolyse de l’eau (avec de l’électricité) ou avec du gaz (CH4) en capturant le CO2. Le rendement de ces deux solutions n’est pas rentable à l’échelle industrielle.
Pour garder une certaine compétitivité au niveau industriel, les Allemands vont devoir continuer à utiliser les vieilles centrales à charbon très émettrices de CO2.
Les prix à terme de l'électricité au plus bas depuis deux ans et demi
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
FR Cal2025 base | 74,75 |
-5,70
|
|
FR Cal2026 base | 69,49 |
-6,72
|
Les prix à terme de l'électricité en France se sont effondrés, atteignant leurs niveaux les plus bas depuis plus de deux ans sur fond de baisse des prix du gaz et du carbone. En conséquence, le contrat pour livraison en 2025 a chuté de plus de 7 % pour atteindre 74,75€/MWh.
De même, le prix spot de l'électricité a dégringolé de plus de 44 % pour se situer aux alentours des 57€/MWh mardi, alors que les prévisions annonçaient un temps plus doux et une production éolienne plus élevée.
Les prix à terme du gaz continuent de perdre terrain
Produit | Prix €/MWh | S-1 €/MWh | M-1 €/MWh |
---|---|---|---|
PEG Cal2025 | 30,79 |
-1,33
|
|
PEG Cal2026 | 28,56 |
-1,27
|
Les prix à terme du gaz ont chuté d'une semaine à l'autre, car la stabilité de la production norvégienne, les stocks de gaz suffisants en Europe et la baisse de la demande devraient l'emporter sur toute perturbation des arrivées de cargaisons de GNL.En conséquence, le contrat PEG pour livraison en 2025 a reculé de 4 % à 30,79€/MWh.
Le PEG spot s’est effondré d'environ 10 % pour s’établir légèrement en dessous de 26€/MWh, sous la pression d'une offre saine et d'une demande de chauffage en baisse.
Les prix du carbone à leur plus bas niveau depuis 18 mois
Les prix européens du carbone ont fortement chuté la semaine dernière en raison de fondamentaux et de signaux techniques baissiers.
Les EUAs expirant en décembre-2024 ont diminué d'environ 8% à 62,04€/tonne, leur plus bas niveau depuis 18 mois.
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